Projet pédagogique 6 – 12 ans

« L’univers est son programme de la journée. »

Notre pédagogie est centrée sur le cheminement de l’enfant, le développement de ses compétences propres à travers des projets qu’il initiera et qu’il partagera avec ses amis et amies en classe.

Nous nous posons la question de la motivation nécessaire à tout apprentissage.

Est-ce qu’il suffira de laisser l’enfant initier ses projets pour que le travail sur ceux-ci l’amène à développer l’ensemble des compétences nécessaires à une adaptation optimale à la vie ?

Nous ambitionnons en même temps de suivre l’enfant dans son cheminement et de stimuler son imagination à la culture générale laquelle recèle les clés de la compréhension du monde.

Maria Montessori a intitulé ce projet éducatif : l’éducation cosmique. Dans sa racine étymologique grecque, cosmique est l’antonyme de chaotique. On voit dès lors le sens de ce projet : présenter à l’enfant l’ordre dans l’univers, univers abordé sous toutes ses facettes. En corollaire, on peut comprendre pourquoi sa vision de l’aide à apporter à l’enfance a pu prendre le vocable : pédagogie scientifique. Elle n’est pas la seule à vouloir faire de la pédagogie une science mais elle demeure unique à vouloir transmettre la culture à partir de la meilleure compréhension disponible, celle de la science.

Notre projet éducatif, que nous allons présenter dans ses grandes lignes, part des questions de culture générale que tout enfant du primaire se pose sur l’univers et ses phénomènes.

L’éducation cosmique

L’éducation cosmique va chercher un intérêt intrinsèque chez tout enfant dont la curiosité naturelle n’a pas été émoussée. Pour faire une histoire courte (parce qu’il va s’agir ici d’histoire), résumons le projet d’éducation cosmique en cinq volets : « l’origine de l’univers », « l’apparition de la vie », « l’arrivée des êtres humains », « l’invention de l’écriture » et « l’Invention des nombres ». En y regardant bien, force est de constater que par ce projet, nous projetons l’ensemble de l’univers à l’enfant tout en faisant un découpage qui reproduit les grands domaines classiques de connaissances que sont : la géographie, la biologie, l’histoire, la langue (français) et les mathématiques. Dans un tel contexte intellectuel, l’enfant est bel et bien à l’école, n’est-ce pas ?

L’éducatrice cherche à créer par sa compétence, son art et sa personnalité une ambiance propice à susciter une motivation d’apprentissage et de travail chez l’enfant. Tout ce que l’enfant peut apporter comme projet ou comme question peut être inscrit dans l’éducation cosmique. L’éducation cosmique élargit toute question sur la réalité immédiate à son substrat explicatif. Par exemple, si l’enfant s’intéresse à sa nouvelle bicyclette, l’enseignant voit là un intérêt propice à élargir le sujet aux moyens de transport pouvant aller jusqu’aux origines; indirectement alors, l’enfant sera invité à rejoindre l’ensemble de l’humanité qui a toujours eu des préoccupations de transport.

Comment appliquer l’éducation cosmique ? Au début du primaire, il est au début de l’écriture et dans l’histoire de l’humanité, c’était une période pendant laquelle la tradition orale était particulièrement vive. Raconter des histoires à l’enfant provoque des moments magiques qui lui insufflent une vivacité spirituelle émouvante, (en autant que l’histoire soit elle-même inspirée). Or c’est le moyen privilégié par l’enseignante pour créer une ambiance, pour inspirer un contexte de travail en profondeur : nous allons lui raconter par des « grandes histoires », d’autres diront des grandes fables ou des grandes leçons, l’univers et ce qu’il recèle de beautés et de merveilles. Ces histoires contiennent tout le savoir de l’humanité; donc elles permettront de réaliser tout projet digne d’intérêt pour l’enfant. L’éducateur aura ainsi à sa disposition toute une panoplie d’instruments pour susciter et élargir les intérêts de chaque enfant.

Soulignons ici que les « grandes histoires » sont un point de départ servant à créer une ambiance; il n’y a pas de travail qui découle directement de ces grandes leçons. Toutefois, s’y rattachent tout un ensemble d’activités, de la plus concrètes à la plus abstraites selon que l’enfant est au début du primaire ou à la veille du secondaire. Ces activités éveillent l’intérêt sur des aspects particuliers à partir desquels l’enfant sera invité à prendre l’initiative d’un travail. Ainsi, il pourra y avoir autant de travaux qu’il y a d’enfants mais un fil conducteur reliera l’ensemble du travail. La compétence et l’art de l’éducateur consisteront à créer cette ambiance de travail et d’approfondissement du questionnement de l’enfant, à stimuler, à encourager, à créer des attentes et à établir des limites, tout ce qui rejoint les préoccupations primordiales du bon éducateur. L’année scolaire commencera toujours avec la grande histoire de l’Origine de l’univers et ce, peu importe le niveau scolaire.

Alors à quoi sert tout cela ? Est-ce qu’il est possible d’allumer une flamme de curiosité, d’émerveillement sur la grandeur de l’entreprise humaine, sur l’immensité et la beauté de la nature tout en suscitant un esprit de responsabilité chez nos enfants ? Nous le pensons pour l’avoir observé année après année. Il est clair que l’ampleur de ces histoires stimule l’élan vital de nos enfants.